Écologie et environnement

Covid-19 et perturbation environnementale

By 28 avril 2020 décembre 4th, 2020 No Comments
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Pour un début de décennie, on s’en souviendra sans doute. Il aurait été difficile de prévoir, quelques mois plus tôt, la situation absolument surréaliste dans laquelle se trouve plongée la planète à l’heure actuelle. D’abord, il y a eu le déni, et la stupéfaction. Puis, les milliards de recommandations sur comment s’occuper durant le confinement et les multiples photos de levain bouillonnant sur Instagram. Enfin, est venue l’heure de la réflexion. Comment en sommes-nous arrivé-e-s là ? Avons-nous notre part de responsabilité ?  Est-il vrai que nos habitudes de vie et de consommation ont contribué à l’importance de cette crise ? Pourquoi parle-t-on de liens entre le Covid-19 et la perturbation environnementale ? Cet article propose quelques éléments de réponse.

Covid-19 : origine et chronologie.

Une maladie zoonotique.

Il n’y a pas de certitude sur l’origine exacte du Covid-19. Chaque jour laisse d’ailleurs apparaître une nouvelle théorie plus farfelue que le jour précédent. L’hypothèse la plus retenue est qu’il s’agit d’une maladie zoonotique, c’est-à-dire transmise par un animal à un humain. 75% des maladies émergentes, c’est-à-dire nouvelles ou nouvellement identifiées, sont en effet d’origine animale. Le petit bouc émissaire du Covid-19 ? Le pangolin.

Il est certes difficile de remonter la piste du patient 0 en Chine, où le virus a décidé de commencer ses frasques. Pourtant, les scientifiques appuient cette théorie puisque ce petit mammifère a été reconnu porteur d’un séquençage de virus similaire à 99% à celui provoquant le Covid-19. Une hypothèse d’autant plus plausible que la chasse et la consommation du pangolin en Asie du sud-est et en Chine est très importante.

C’est le 17 novembre 2019  que le virus fait son apparition en Chine, dans la province de Wuhan. Puis, il se propage à une vitesse folle. Le 13 janvier marque l’apparition du premier cas hors de Chine et c’est le 24 janvier qu’il arrive sur le territoire français. Et bonne année.

La contagion s’intensifie au fil des mois. Le 12 mars, le gouvernement français prend donc la décision de confiner la population, assignant chacun à rester – dans la mesure du possible – chez soi. La quasi totalité du monde compte désormais au moins un cas de Covid-19 sur son sol. Et tout ce bazar à cause d’un pauvre pangolin, plutôt mignon au demeurant ? 

alizee-brimont-redaction-webDessin : Un faux graphiste.

 

Quels liens entre le Covid-19 et la perturbation environnementale?

Au premier abord, difficile de faire le lien entre une pandémie mondiale et la perturbation environnementale. Quel est donc le rapport entre une maladie probablement transmise par un petit animal dont on connaissait à peine l’existence il y a quelques mois, et la déforestation par exemple ? Et bien, en se penchant sur le sujet, on découvre justement que plusieurs liens de cause à effet existent.

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Perturbation de la biodiversité.

Comme précisé un peu plus haut, la chasse et consommation du pangolin est conséquente en Asie du sud-est. Tant et si bien qu’il est l’une des espèces les plus sujettes au braconnage et au commerce illégal. Il en est même devenu un animal menacée. Joli revers de médaille me direz-vous. Le commerce de la faune sauvage est certes un facteur à prendre en compte dans la propagation du virus. Il n’est bien évidemment pas le seul.

D’autres actions sont responsables ce qui concerne l’apparition des virus en eux-mêmes. La perturbation des sols, qui peut être due à la déforestation par exemple, n’est pas à négliger. L’agriculture intensive entraîne notamment un déracinement de certaines espèces  de leur espace naturel. Cette déforestation contribue à faire remonter à la surface des virus qui étaient jusque là contenus dans les sols, et qui se retrouvent désormais à l’air libre. 

Les espaces déracinés sont ensuite utilisés pour cultiver de nouvelles espèces. Citons par exemple, les palmiers cultivés pour leur fameuse huile. Un autre exemple est la culture intensive du soja destiné ensuite à nourrir les bêtes élevées pour leur viande.  L’élevage intensif, et la consommation importante de viande, contribue donc également à cette déforestation et ce bouleversement 

Ainsi, ces actions bouleversent la biodiversité. Elles peuvent de plus contribuer au développement et l’émergence d’agents pathogènes qui causent les virus. 

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L’impact du réchauffement climatique.

Nous avons bien conscience du caractère absolument inédit de cette situation et nous doutons peut-être de la probabilité de revivre une telle expérience. Cependant, c’est sans compter l’impact du réchauffement climatique qui peut contribuer à ce que nous y soyons plus souvent confrontés.

Les variations du climat entraînent en effet des nouveautés dans l’activité de certaines espèces. L’exemple frappant est sans doute celui du moustique. Plus précisément, les moustiques tigres qui depuis une quinzaine d’années sont apparus dans de nombreux départements français. Cette espèce est porteuse de nombreuses maladies et la chaleur favorise leur propagation. Les années étant de plus en plus douces en France, la période durant laquelle le moustique tigre peut sévir est donc de plus en plus longue.

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Quelle est notre part de responsabilité ?

Difficile désormais de nier le fait que le type de pandémie que nous traversons peut être lié à la perturbation environnementale. D’accord, mais qu’est ce qu’on y peut ? Et bien, plus que jamais, on peut remettre en question nos habitudes de consommation et nos modes de vie. Ceux-ci sont en effet interdépendants du bouleversement écologique que nous traversons. 

L’agriculture et l’élevage intensifs, perturbateur de la biodiversité.

L’alimentation semble tout d’abord être un élément central et notamment l’agriculture et l’élevage intensifs. Comme nous l’avons vu, de nombreux espaces naturels comme les forêts sont souvent détruits afin de laisser plus de place à l’élevage des bêtes ou à la culture d’aliments pour les nourrir.  Il est également prouvé que ce type d’élevage peut favoriser l’émergence et la propagation du virus. Les bêtes sont en effet souvent stressées, plus réceptives aux virus, et collées les unes aux autres ce qui peut entraîner une propagation très rapide.

De la même manière, il n’est pas normal de consommer des fraises en hiver, ou des tomates dès le mois de mars. Les fruits et légumes que nous consommons hors saison sont importés, parfois de très loin, ou issus d’une agriculture qui ne respecte pas la biodiversité.

Les bonnes habitudes à prendre ? Tout d’abord il faut privilégier, dans la mesure du possible, des aliments issus de cultures biologiques. Le mieux est de consommer des fruits et légumes de saison, qui ne viennent pas de l’autre bout du monde.  Il est également recommandé de diminuer la consommation de viande à une fois par semaine. Lorsque celle-ci est consommée, il est préférable de la choisir issue d’un élevage respectueux des bêtes. Autant d’habitudes à mettre en place pour une alimentation plus respectueuse de l’environnement. 

Relocaliser les productions.

C’est une autre des leçons que nous pouvons tirer de cette crise. Délocaliser de nombreux ateliers de production et de fabrication à l’autre bout du monde manque de rationalité. La délocalisation est souvent attractive pour de nombreuses entreprises dans la mesure où elle permet souvent de payer une main d’oeuvre beaucoup moins chère. Cependant, elle engendre une pollution beaucoup plus importante, notamment car les produits réalisés à l’étranger doivent ensuite être rapatriés en France. Par ailleurs, la main d’oeuvre peut également être amenée à exercer son activité dans de dangereuses conditions.

L’un des plus mauvais élèves ? L’industrie de la mode, et notamment de la fast-fashion. Si le sujet vous intéresse, vous pouvez aller lire l’article que j’ai écrit à ce sujet pour la marque de maillots de bain éco-responsables Coco Frio Paris. L’une des bonnes résolutions à la sortie du confinement : dire adieu à la fast-fashion et privilégier les entreprises aux produits Made in France ou, du moins, Made in Europe ? On y croit ! Et on peut déjà commencer en découvrant de jolies marques éthiques sur le site We dress fair. 

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Moins loin, moins souvent.

Chacun s’accorde  à dire que l’hypermobilité est l’élément capital dans l’émergence de nouvelles maladies. La crise sanitaire que nous traversons nous montre qu’il est impossible de maintenir un virus dans un monde hyper mobilisé, aux échanges internationaux quotidiens. La mondialisation et la délocalisation, ont contribué à cette hypermobilité, tout comme le tourisme de masse. Le flygskam, ou honte de prendre l’avion en suédois, contamine de plus en plus de personnes, surtout la jeune génération soucieuse de son empreinte carbone.

C’est bien mignon mais du coup on fait quoi ? On reste confiné sur son canapé pour le restant de nos jours ? Heureusement, ce n’est pas une fatalité. Tout d’abord, on peut réfléchir à des week-end et des vacances plus proches, accessibles en train ou en voiture. On peut militer pour le retour de plus de trains de nuits qui permettraient de relier certaines grandes villes d’Europe. On peut aussi rêver devant le compte Instagram de la blogueuse Iznowgood. Cette dernière a entamé avec son compagnon en avril 2019 un tour du monde sans avion. Celui-ci a malheureusement dû prendre fin avec le Covid-19. Cependant, les nombreux projets de slow travel du couple vous donneront sans doute envie de suivre le mouvement. 

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Quelle suite au Covid-19 ?

En peu de temps, nous avons vu passer de nombreuses images montrant la nature qui reprenait ses droits. La pollution sonore a disparu et il semble que les oiseaux chantent plus fort. À Paris, des canards se promènent dans les rues et une famille de renards a élu domicile dans le cimetière du Père Lachaise. Deux rorquals ont été aperçu au large de Marseille. Les dauphins reviennent dans les ports désertés par les bateaux de croisière. Enfin, Venise n’a jamais été si propre… 

Nous nous réjouissons des émissions de CO2 qui ont baissé de manière spectaculaire. À Pékin, les habitants sortent dans les rues de nouveau respirables. Une situation qui nous ferait presque oublier que ces cinq dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées jusqu’alors.

Autant d’événements qui nous émerveillent, avec l’envie d’en profiter encore plus car ils semblent éphémères. Cela doit-il être forcément le cas ? Aspire-t-on vraiment à un retour “à la normale” alors que le normal tel que nous le connaissions a contribué à nous immerger dans cette situation ? 

Cette crise montre qu’il est possible de prendre des mesures fortes, qu’elles soient sociales ou économiques, pour faire face à une menace. Or celle que représente la perturbation environnementale est bien présente et le nier ne fonctionne pas. Nous avons sans doute tou-te-s traversé une phase de déni dans les premiers jours de cette pandémie. Dans un premier temps, les restrictions de distanciation sociale et de confinement ne semblaient pas envisageables. Et pourtant, nous les appliquons, nous nous réinventons. 

“Les grands changements semblent impossibles au début et inévitables à la fin”. Cette phrase de Bob Hunter, l’un des fondateurs de Greenpeace, est peut-être la meilleure leçon que nous avons à tirer de cette situation. 

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Promis je ne parle pas que de sujets déprimants sur la crise écologique. Vous pouvez lire tous mes articles en cliquant ici !